Concert de toute grande tenue ce vendredi au Cirque royal de Dominique A dans le cadre des Nuits Botanique.
Le concept était alléchant et prometteur. Une première partie où monsieur Ané revisite La fossette à l’occasion des vingt ans de la sortie de cet ovni qui bouleversa le paysage musical hexagonal et, après une courte pause, une relecture, intégrale également de son dernier et magnifique Vers les lueurs. Et comme ça fait vingt ans que ça dure, on sait aussi que Dominique est un artiste tout terrain. Dans le sens où il peut se produire seul, en trio, accompagné d’un orchestre ou d’un groupe de rock. Et à chaque concert de chaque tournée, c’est forcément différent. Celui de vendredi aussi, devant un public (le bas du Cirque bien rempli) assez chaud voire extatique, le sera aussi.
Que redire à propos de La fossette ? Que sa réinterprétation en trio – Dominique est au centre et à la guitare entouré de ses deux camarades aux machines et à la guitare- sera magistrale. Musicalement, avec ces bidouillages sonores et ces guitares tranchantes, sèches et abrasives, on était pas loin de la rencontre entre l’univers de Warp et l’écurie Touch And Go des Shellac et compagnie. Dominique a vraiment bien fait ça tant et si bien que La fossette n’a tout simplement pas pris une ride en vingt piges.
Les textes de ce disque ont eux aussi plutôt bien résisté à l’épreuve du temps. Le plus fou est de se rendre compte qu’avec les « Février », « Va t’en » (une version énormissime), « Mes lapins » (superbe) ou « Le courage des oiseaux » (hypnotisant), Dominique A présente une vision sombre (quand d’autres diront réalistes) de la complexité des rapports amoureux et de la souffrance que tout cela génère. Du coup, il y avait évidemment beaucoup d’émotion dans la salle avec cette relecture frontale, puissante, tendue et élégante.
La deuxième partie sera différente. Outre un groupe de rock traditionnel, on va dire, un quintet à vent accompagnait l’artiste. Et hautbois et clarinette d’apporter cette chaleur aux chansons de Vers les lueurs. Et là aussi, de très bons moments dont « Parfois j’entends des cris », « Vers le bleu », « Le geste absent » ou « Le convoi ». Visuellement, et comme quoi il y a toujours moyen d’innover, cinq espèces de plaques grillagées étaient suspendues au dessus de la salle comme des balançoires et diffusaient, soit de fins filets de lumière et d’autres plus forts renforçant là aussi la puissance du répertoire. Un répertoire chaudement applaudi.
Le temps d’un unique rappel (« des oldies » pour paraphraser Dominique), ce sera une troisième formule musicale. Un quintet mais méchamment rock et au moins trois claques avec « Le sens », « En secret » (exhumé de Auguri) et surtout « Le métier de faussaire » emprunté à La mémoire neuve. Merci. Beaucoup.
PHILIPPE MANCHE
DOMINIQUE A
BRUXELLES, BELGIQUE. NUITS BOTANIQUE 2012, DOMINIQUE A (PREMIERE PARTIE). POUR LESOIR. PHOTO : PIERRE-YVES THIENPONT/LE SOIR